Il était temps d’accrocher un nouveau portrait dans notre galerie des illustres mécènes de la musique ! Et cette fois, c'est un portrait de femme, celui de Winnaretta Singer, princesse de Polignac, surnommée Winnie.
Elle naît à Yonkers (New-York) le 8 janvier 1865 et meurt à Londres le 26 novembre 1943. Héritière des machines à coudre Singer, elle fut la mécène de nombreux compositeurs et mérite donc une place de choix dans notre panthéon. Voyez plutôt !
Enfance
Fille de l'industriel américain qui perfectionna la machine à coudre, Isaac Merritt Singer, et d'Isabella Eugénie Boyer, elle passe les deux premières années de sa vie à New-York puis déménage à Paris, où ses parents se sont installés à cause de la guerre. En 1870, à l’approche de la guerre franco-prussienne, la famille Singer part pour l’Angleterre. Isaac Singer fait alors bâtir une énorme propriété à Paignton dans le Devonshire (Oldway Mansion). Il organise dans cette somptueuse résidence (plus de cent pièces, tout de même!) d’importantes représentations théâtrales, mais meurt en 1875, à l'âge de 64 ans, juste après la fin des travaux. Winnaretta est alors âgée de 10 ans. Elle retourne en France en 1879 avec sa mère, qui s'installe à Paris avec son deuxième mari, le violoniste hollandais Victor Reubsaet.
Oldway Mansion (Devonshire)
Winnie est musicienne, elle étudie le piano et l'orgue, elle peint aussi. Après un mariage malheureux avec le prince Louis de Scey-Montbéliard, elle épouse, en 1893, le Prince Edmond de Polignac, homosexuel discret de 59 ans, chacun vivant librement grâce à cette union. Elle aura, quant à elle, des aventures avec Ethel Smyth, Romaine Brooks, Olga de Meyer, Alvilde Chaplin, Renata Borgatti et Violet Trefusis...
Soutiens et commandes aux artistes de son temps
Gabriel Fauré est son premier ami musicien. Plus tard, elle tient un salon à Venise, dans son palais Contarini-Polignac et elle soutient la plupart des musiciens de son temps, notamment Nadia Boulanger, Emmanuel Chabrier, Reynaldo Hahn, Darius Milhaud, Maurice Ravel, Germaine Tailleferre, Isaac Albéniz et Kurt Weill.
Elle est connue pour avoir été la mécène de compositeurs, certes, mais aussi de musiciens, de pianistes notamment : Ricardo Viñes, Blanche Selva, Clara Haskil, Lili Kraus, Arthur Rubinstein... et de la danseuse Isadora Duncan.
Elle commande également de nombreuses pièces. On lui doit la création de :
Socrate d'Erik Satie :
Renard d'Igor Stravinsky :
Retablo de Maese Pedro de Manuel de Falla :
Concerto pour deux pianos et du Concerto pour orgue, cordes et timbales de Francis Poulenc :
Ravel lui dédia sa célèbre Pavane pour une infante défunte... La classe, Maurice !
D'autres engagements : l'Hôpital Foch et la péniche Louis-Catherine
La princesse Polignac est notamment à l'origine de la collecte de fonds pour la construction d'un bâtiment de l'Hôpital Foch, à Suresnes.
En 1928, avec l'artiste Madeleine Zillhardt, elle est à l'initiative de l'achat de la péniche de béton Liège, réhabilitée par le Corbusier, afin de la mettre à disposition de l'Armée du Salut. Le bateau prend alors le nom de Louise-Catherine en hommage à Louise Catherine Breslau, peintre germano-suisse, compagne de Madeleine Zillhardt, disparue l'année précédente suite à une longue maladie. Selon les vœux de Madeleine Zillhardt, le bateau devient un refuge pour les sans-abris l'hiver et une colonie de vacances pour les enfants l'été.
La Fondation Singer Polignac, l'aboutissement d'un engagement philanthropique
Winnaretta Singer fait un don à l'État français en vue de la création d'une fondation pour la promotion des arts et des sciences. La loi du 25 mars 1928 ratifie la création de l’établissement public dénommé fondation Singer Polignac, et le décret du 17 octobre 1928 approuve la dotation de la princesse à l’État français en vue de cette création, le revenu de ce capital étant destiné aux activités de mécénat.
À la mort de la princesse, la fondation reçoit en legs son hôtel particulier à Paris, et s’y installe en 1945. Cette entité philanthropique ne reçoit aucune subvention ni dotation de l’État ; son fonctionnement repose uniquement sur la gestion du fond légué par Winnaretta Singer Polignac.
Devenue Fondation Reconnue d'Utilité Publique le 1er janvier 2021, cette institution a aujourd'hui de nombreuses activités (organisations de colloques, de conférences, de concerts, résidence musicale, artistes associés...) :
Son soutien est structuré en deux grands axes :
- les arts et les lettres
- les sciences et sciences humaines
L'un des deux compositeurs actuellement en résidence est Arthur Lavandier :
Signes distinctifs de Winnaretta Singer Polignac :
- Son goût pour la musique française mais aussi pour Wagner...
- Ses talents de peintre : elle suivit des cours de peinture dans l’atelier de Félix Barrias et fréquenta l’atelier de Manet.
- Son sens des réparties (elle était surnommée Vinaigretta ; ça pique parfois ! )
- Sa passion pour le quatuor, dès son plus jeune âge : à l’occasion de son quatorzième anniversaire, en 1879, elle demanda comme cadeau une interprétation de son œuvre de Beethoven préférée, le Quatuor à cordes opus 131 ... Rien que pour cela, elle a toute ma sympathie !
Fondation Singer Polignac
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